Mardi 12 Juillet

14 juillet 2016

Je ne vais pas vous décrire ma turne, ni mon matelas, ni les odeurs, elle est au RDC au milieu de la gare routière, c’est plus un hôtel de passe merdique qu’autre chose, ceux qui ont voyagé avec moi devraient comprendre, même pour une nuit que c’est un moment très difficile, nous sommes à Tana ville plus que dangereuses et le petit verrou à ma porte qui ne tient rien que par miracle, ne suffira pas à empêcher qui que ce soit de rentrer.

Le grand canif pliant à cran d’arrêt que je me suis acheté (Photo) devrait pouvoir dissuader un éventuel pickpocket.

La petite lampe qui est associée à la lame impressionnante aveuglera mon adversaire (Humour, et rire jaune …). Il est bizarre ce couteau, dommage que je ne puisse le ramener en France car dans l’avion je suis en bagages cabine, et je n’ai même pas le droit à une lime à ongle.

Ce demi katana m’a coûté à peine 2€ et je vous rassure, il me servira aussi à couper enfin convenablement mon pain et surtout à étaler mes ‘’Vache qui Rit’’ avec autre chose que le dos d’une fourchette ou d’une petite cuillère à café.

Tôt ce matin le va et vient des prostituées qui commencent leur journée avec les chauffeurs de taxi-brousse, le parler est strident, ça vocifère énormément pour conclure le prix, les portes claquent, je suis obligé de prendre tout ça au 1000^ème degré, mais au moins il fait jour, même si le temps est gris.

Devant la glace mouchetée, je me prends à détailler mon visage, oh la la y’a pas de miracle !! Je suis bien esquinté, sous les yeux les poches gonflées, je voulais me raser, j’abandonne cette idée ma barbe grise attendra demain.

RDV avec mon Taxi-brousse à 100m pour un départ à 8h et 7h de route, arrivée à MAEVATANANA vers 15h.

Ces horaires datent d’hier, ce que l’on avait convenu ne tient plus, aujourd’hui à mon grand étonnement, nous ne partons qu’à 13h30 avec une arrivée de nuit (Ici la nuit noire c’est 18h) à 20h30.

De plus je n’ai pas le choix, j’ai déjà retenu ma place et payé la moitié, et même en me faisant rembourser le problème serait identique avec d’autres Brousses.

Je laisse mon sac sous surveillance du chauffeur et je vais au centre de Tana me chercher un appareil photo.

Il n’a qu’à Tana que je pourrais en trouver un, je le paie dans un ‘’Suprême Center’’ 80€, à l’usage il n’est pas terrible, vous allez voir la différence.

Il est moins rapide, et ce que je vois sur mon écran ne correspond pas à la photo prise, qu’importe c’est mieux que rien.

Les photos d’aujourd’hui ce sont surtout des essais et elles ne sont pas très intéressantes, j’essaierai de faire mieux.

Enfin le départ, je m’aperçois très vite que le driver ne conduit pas, il téléphone et reçoit en permanence des coups de fil, il n’est pas attentionné du tout à la route, et quand la nuit tombe c’est la même chose.

Je craque après quelques coups de volant qui nous évitent de peu l’accident.

Je lui hurle de s’arrêter, je descends et lui fait comprendre que son téléphone je vais en faire des miettes, qu’il y a des enfants dans son taxi et que nous ne voulons pas mourir, à l’intérieur tout le monde se marre, j’ai les bras qui m’en tombent, tous complètement inconscients du fait que ce soit un miracle que nous soyons encore en vie.

Ces lacets de montagne nécessitent de bons freins, ce que nous n’avons pas, les pneus lisses n’arrangent rien sous la pluie, mais c’est surtout le chauffeur qui est un attardé mental.

J’ai eu gain de cause il regarde enfin la route et a coupé son téléphone, il ne le rallumera qu’à l’arrivée.

Je ne vais pas vous cacher ma trouille, elle était permanente, les croisements avec de gros camions qui gardaient le plein phare, nous obligeant souvent à rouler sur le bas-côté sans visibilité dans les virages.

Oui très humblement j’avais peur et j’ai senti des dizaines de fois le fil affûté de la faux, celle la camarde la tête encapuchonnée, avec ses hardes, ses guenilles, ses haillons me frôlant comme pour m’envelopper, et m’épouser pour la vie.

Ne rien contrôler, être à la merci d’un débile qui fait mal son métier de plus la nuit en montagne, c’est le pire moment que j’ai vécu.

Il faut toujours se souvenir du positif, je suis vivant, je reste sur place 2 nuits et je prends un autre taxi-brousse jeudi matin pour MAJUNGA en espérant qu’il parte le matin de bonne heure sinon ce sera une autre arrivée de nuit.

Dans l’après-midi j’ai vu des feux sur des étendues immenses qui brûlaient le peu d’arbres qui restaient dans ce paysage lunaire, nu, très vallonné.

Le soir au coucher du soleil, de longs nuages orangés, enveloppés d’un gris bleuté, des images d’un autre système solaire, d’une beauté indéfinissable, fantasmagorique, ma peur pendant ces trop courts moments disparaissait.

L’hôtel que j’avais retenu avec promesses Canal SAT, de Wifi, d’eau chaude, n’a rien de tout ça, encore une fois il n’y a que le prix qui est celui convenu.

Je m’en fous ils ne m’auront pas, GG il devient Malgache, difficilement mais c’est une question de volonté, je négocie dur et j’obtiens 20% de réduction.

Un riz cantonnais spécial (Petit bouts de zébu en sus) et je vais m’arroser sous la douche avec la tasse qui sert à puiser dans les seaux que l’on remplit d’eau au robinet, pour le rinçage final quand la tête est bien mousseuse, il faut se renverser le seau complet sur la tête ça secoue un peu mais on s’habitue.

On remplit de nouveau les seaux, il faut penser au lendemain…

Je sais que je vais bien dormir, je suis comme anéanti, assommé, mes certitudes envolées, je ne croyais pas en grand-chose, je ne crois plus à rien.

Vidé le Papy GG, je veux m’endormir et je choisis de rêver (J’ai cette faculté bizarre) à mes enfants, à ma petite fille, ma Louna que je veux voir grandir, à Laure qui doit être inquiète par mes écrits, mes peurs que je voulais lui cacher, mais cela me fait du bien de l’écrire et forcera l’avenir à plus d’attention.

Réfléchissement me dit mon pote (Salut Jano) il a raison il faut que je me ralentisse, que je réfléchisse, réagisse à ce que je possède déjà, un capital formidable, la santé, une belle famille (‘Jour Fanny, embrasse Agnès & Yves) plein de potes fidèles, ce voyage aura au moins la prétention d’avoir renforcé toutes ces fibres importantes qui remplissent une vie.

Aujourd’hui je n’ai jamais été aussi proche de vous tous, jamais….

Faites attention à vous

Demain ??

Oh Demain c’est la grande chose !!

De quoi Demain sera-t-il fait ???????