Vendredi 01 Juillet

1 juillet 2016

Bien dormi, mais toujours les entrailles qui ne sont pas aux mieux, tant pis il faut faire avec, dans mon sac il y a toujours un rouleau de papier.

P’tit déj en sortant de mon hôtel de luxe je fais environ 500m pour trouver une gargote ‘’La p’tite bouffe’’ dont je ressors 2 minutes plus tard il n’y a rien de chaud à manger, les nouilles, le riz, la soupe etc. Tout est froid.

Je fais un tout droit sur ce grand boulevard très large et je trouve mon bonheur chez ‘’Rija’’ tenu par des chinois et tout de suite on sent la différence.

Je vais en faire mon Q.G, pour tous les p’tits déj et tous les déjeuners.

Presque en forme car la chaleur s’est installée, je me dirige vers l’Océan Indien par la route la plus longue.

L’Océan est en colère il gronde pas mal, la plage est vide, un grand mur anti vague arrête comme il peut les grosses vagues qui arrivent à grimper le long de ses flancs et retomber en cascade sur la plage.

Ce mur en décrépitude construit par les Français tombera dans quelques années c’est sûr, et l’étroite bande de sable qui sépare l’Océan Indien et le ‘’Canal des Pangalanes’’ sera franchie en quelques minutes.

Les dégâts malheureusement feront des morts, les lieux seront transformés, la ville de Manakara en souffrira beaucoup.

Comme d’habitudes des rencontres, toujours un plaisir de discuter et de blaguer avec les locaux, toujours un bonheur qui me fait chaud dedans.

Justement la chaleur devient insupportable, 14h je retourne chez mes Chinois pour tester le déjeuner ‘’Poulet sauté aux légumes’’ (Photo) je craque pour une grande THB 65cl je ne devrais pas !! (J’suis malade) mais c’est tellement bon par cette chaleur que je ne suis pas de taille à résister.

Encore 1h de marche, mais le cœur n’y est pas, ça bouge pas mal dans le caisson et il faut que je me soigne rapidement, si je ne veux pas laisser de traces de mon passage sur le trottoir.

Encore quelques rencontres sympas et mon hôtel m’ouvre enfin ses portes pour le paradis d’un semblant de luxe, il ne faut pas s’y tromper, un semblant.

Me sentant en verve, j’ai envie de vous décrire une journée comme une autre, avec ce que je peux ressentir presque chaque jour.

Si vous lisez entre les lignes, vous me connaitrez certainement un peu mieux.

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Une journée comme une autre

Je suis venu, j’ai vu, et j’ai perdu tant de certitudes.

Ecrire, oui écrire comme un besoin de fuir de s’échapper enfin, comme pour soulager les peines, les angoisses, la solitude cruelle féroce pourtant désirée, et se libérer autrement que par des larmes bienfaitrices mais inutiles, laisser parler le moi, le vrai, celui que je vous cache.

Pianoter ces souvenances toutes fraiches de qques heures, pour soigner, panser toutes ces égratignures hémophiles avec opiniâtreté.

Ce ne sont souvent que des courts moments, un regard, une couleur associée à un sourire et des bribes de mon vécu qui s’emmêlent et font ressurgir un mal qui n’appartient qu’à moi, comme un long poison âcre, cruel, trop quelquefois.

Le choix de la fatigue physique pour négliger cet état fonctionne à double sens et mes larmes, mes rires en solo sur des routes dont j’ignore souvent la finalité se synchronisent comme pour me relever, me soulever.

Mes ignorances si flagrantes, compensées par cet appétit curieux de tout, cette convoitise d’images et de sons, si grande et jamais assouvie.

L’inclination oppressive de mes sensibilités, mes émotivités trop acérées qui m’incitent à pénétrer lentement ce que je lis des autres, ceux qui savent, tous ces poètes qui me grise, me saoule de mots magiques, leurs charrettes pleines de vers affutés, de rimes coupantes, tranchantes, volubiles, nourrissantes.

Alors pour me libérer de ces liens sensibles j’écris, je vous écris et j’essaie de décrasser, purifier sur le clavier de mon livre électronique une pâle copie de ce que mon esprit voudrait vous hurler avec tant de force.

Je m’applique sur les touches à me décrasser, à me blanchir de cet exil volontaire auprès de ceux que j’aime, avec mes charabias de souvenirs journaliers, comme pour me justifier, me disculper, m’excuser d’être parti.

Pourtant cela fonctionne je me nourris à satiété de chaque seconde de cette autre vie d’ailleurs, il me faut ces regards longs et curieux que j’échange avec les locaux, ces sourires francs un peu moqueurs devant la dégaine de l’homme aux cheveux blancs, qui la démarche trainante sourit bêtement comme halluciné.

Dans tous les marchés, je parcours une à une les allées aux couleurs chamarrées de tissus, fruits, légumes avec toujours l’ambiance enjouée, riante, les arômes épicés, les fragrances de tous ces plats cuisinés, alléchants trop tentants, qui m’excitent le palais, alors je m’assois à la première table ou l’on m’invite et je me laisse guider pour une soupe délicieuse ou un plat de riz accompagné le plus souvent de quelques miettes de volailles en sauce.

Mon preneur d’âmes de poche aux dimensions discrètes fixe sur sa carte mémoire moult pixels qui restitueront ces moments privilégiés.

Toutes mes marches épuisantes, incertaines, hébétées sont comme un défi sur mon physique déjà bien entamé et ne prouve que la volonté de m’abasourdir, et m’aident à m’assurer physiquement que j’existe, et surtout m’assure des nuits pleines et sereines.

J’aime mes errances elles me construisent, me façonnent une image intérieure que personne ne pourra me prendre, mes regrets ne sont que dans le non partage avec vous de cette magie, de cet enchantement.

Faites attention vous, j’ai besoin de vous